À quatre mois des municipales, les agriculteurs appelés à s’engager
Au Salon des maires, les représentants de la profession encouragent les agriculteurs à franchir le pas et à endosser la responsabilité d’un mandat électif local.
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C’est la profession la plus représentée parmi les maires des communes de France. Aujourd’hui, plus d’un maire sur dix est agriculteur, alors qu’ils représentent moins de 2 % de la population, d’après l’Association des maires de France (AMF). Une proportion qui s'explique par leur ancrage dans les territoires ruraux, et presque multipliée par deux (17 %, soit 6 000 maires) en comptant les chefs d’exploitation à la retraite. Mais cette proportion recule à chaque élection : en 1950, un maire sur deux était agriculteur.
« Une excellente connaissance du territoire »
Pourtant, « un agriculteur, à 99 %, est natif de son village, observe Jean-Claude Robert, ancien agriculteur et maire d’un village dans l'Aube, présent au Salon des maires, qui se tenait du 18 au 20 novembre 2025 à Paris. Il a une excellente connaissance du territoire. Cela permet de recadrer les choses sur la table du conseil. »
Artificialisation des terres agricoles, partage de l’eau, circulation des tracteurs, nuisances sonores ou olfactives… Le dialogue fait parfois défaut entre élus et agriculteurs. Aussi, au-delà des actions de sensibilisation menées auprès des décideurs locaux (lire l'encadré), les organisations professionnelles encouragent les agriculteurs à s’impliquer dans leurs communes à l’approche des élections municipales de mars 2026.
Le président de la chambre d’agriculture du Calvados, Jean-Yves Heurtin, veut inciter « tous ceux qui portent des listes à proposer aux agriculteurs de participer ». Maire et conseiller départemental, il a rédigé un éditorial à destination du réseau consulaire pour encourager leur engagement.
Au niveau régional, le président de la chambre d’agriculture de la Normandie, Sébastien Windsor, leur a aussi adressé une lettre : « L’objectif était de s’adresser aux agriculteurs en leur disant “mobilisez-vous” […] pour faire connaître les particularités et les attentes du monde agricole. »
« Rebâtir » le dialogue
« Il faut prendre part à l’action collective dans nos communes et ne pas laisser les autres parler à notre place, défend le président de La Coopération Agricole, Dominique Chargé. Se mobiliser ensemble pour essayer de rebâtir ce dialogue. » [...] « Nous avons besoin d’un tissu agricole représenté dans les conseils municipaux, ajoute le sénateur de l'Indre-et-Loire et agriculteur, Vincent Louault. Je dis aux agriculteurs : prenez-vous en main et montez des listes ! »
La FNSEA aussi s’est lancée dans un appel aux professionnels du monde agricole à prendre leurs responsabilités dans les conseils municipaux. Son président, Arnaud Rousseau, a signé le 18 septembre une tribune dans Ouest-France en ce sens. Interrogé par La France Agricole sur les freins susceptibles de décourager les vocations — gestion du temps, peur de l’exposition publique —, Arnaud Rousseau concède que le maillon municipal constitue « probablement le plus difficile » de la chaîne démocratique et que l’investissement demandé est conséquent.
Mais le président de la FNSEA se veut rassurant. L’engagement reste un choix personnel, et surtout, il s’inscrit dans une dynamique collective : « Ce n’est pas un mandat individuel, on contribue à un travail d’équipe », souligne-t-il, précisant que les novices peuvent compter sur l’expérience de bras droits plus aguerris.
Se former aux spécificités de ses délégations
La formation constitue un autre pilier, chacun doit accepter de se former aux spécificités de ses délégations, qu’il s’agisse de finances, d’urbanisme ou encore d’organisation de manifestations. Dans les territoires ruraux, les attentes diffèrent de celles qui pèsent sur les élus urbains.
« Ce qui est attendu, c’est une forme de sincérité », explique Arnaud Rousseau, maire de son village de 250 âmes. Les habitants ne réclament pas des technocrates rompus aux arcanes politiciennes, mais des femmes et des hommes dévoués, et disponibles « H24 sur le terrain ».
Les chemins ruraux, un casse-tête pour les maires (25/11/2024)
« La présence des agriculteurs dans les conseils municipaux est aussi essentielle pour la qualité du débat public, portent dans une déclaration commune le président de l’AMF, David Lisnard, et le président du syndicat Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel. Cela permet d’échanger sur la préservation du foncier agricole dans les PLU (plans locaux d’urbanisme) en conciliant les enjeux à la fois de développement des communes sur les plans économique, démographique, d’infrastructures et d’équipements tout en veillant à préserver l’avenir des exploitations sur place. »
À quatre mois du scrutin, le marathon des élections municipales est « déjà bien lancé dans les esprits », observe, toujours au Salon des maires, le vice-président de la FNSEA, Jérôme Volle. Les candidatures sur les listes doivent être déposées au plus tard le 26 février 2026, laissant encore un peu de temps aux agriculteurs hésitants pour se décider.
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